Pour la Petite Fabrique d'Ecriture: Double effroi
Publié le 15 Janvier 2012
Homérine dévorait son livre quand le long rideau opaque de sa chambre la frôla. Stupeur de jeune fille ? Elle aperçut un large buste d’homme et sa tête échevelée puis ses interminables bras levés semblant repousser d’horribles chimères.
Etait-ce son père qui revenait avec sa peur des guerres ?
Elle imaginait ses hurlements. Plus le silence de son alcôve était intense, plus les cris du mort tourmentaient son âme d’adolescente émotive.
Elle jeta son roman d’amour qui ne la protégeait plus de ses ombres quotidiennes. Contre l’indifférence des murs ? Son rideau volubile, faiseur de visions.
Homérine se précipita hors de sa chambre infernale pour rejoindre l’être qu’elle aimait le plus au monde, sa tendre mère épuisée par leur chagrin.
Elles vivaient avec le même fantôme que leurs rideaux ne cachaient pas un seul jour, pas une seule nuit.
Et si la peur qu’un même souvenir revienne était ordinaire ?
L’enfant retourna dans sa pièce à l’intimité triste pour s’effondrer sur son lit qui grinçerait aux moindres gestes de sa solitude.
Suzâme
(14/01/12)
Je vous invite à découvrir la consigne de la communauté La Petite Fabrique d'Ecriture et sa proposition d'après une photographie :
http://azacamopol.over-blog.com/article-jeu-du-mois-de-janvier-2012-96367104.html