La petite fille au silence...

Publié le 22 Mars 2011

Pour l’enfant alité, le silence est une prison de sentiments et de rêves immodérés. Les heures se confondent. Le temps n’existe pas.

 

La petite fille ne sait d’elle-même que son prénom, Maud. Elle guette les regards et attend et entend chaque mot du jour et de la nuit.

 

Rebelle aux poussières, aux moindres larmes des murs, son petit corps respire mal, en réalité bien trop fort pour un cœur affolé par le besoin d’être aimé.

 

Absence de l’horloge... Pourtant Maud sait lorsque tout s’arrête aux alentours et qu’on ne la visitera plus pour la journée. Alors docilement, elle referme ses paupières. Fuit-elle la porte trop blanche, les fenêtres trop hautes, le sol sans reflet, la chambre sans personne?  Elle souffre d’être seule depuis longtemps, étendue sur le dos, imaginant être mourante, il lui vient quelquefois l’envie de parler à Dieu et elle invente des prières. Là, aucune chapelle, aucun chapelet. Sans conscience de sa foi, elle installe avec lui une complicité juste pour lui raconter sa tristesse d’enfant hospitalisé.

 

Le lendemain, sa famille revient les bras chargés d’amour. Elle voudrait tellement être encore plus petite pour que sa mère la porte encore. «A quoi penses-tu Maud ?» L’ange ne le dira jamais que par des essoufflements intermittents. Décidément cette petite a une douceur désarmante face au visiteur qui cherche à la distraire de sa suffocation. Ses proches se rassurent vite de son état de santé puisque les sirops, les piqûres calment les perturbations de Maud, la petite fille au silence.

 

Juste un passage dans toute une vie, si peu…

 

Suzâme

(22/03/11)

Rédigé par Suzâme

Publié dans #Ecrits intimes

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A
<br /> <br /> texte beau et touchant qui rappelle bien des souvenirs d'enfance<br /> <br /> <br /> amitié, Auryne<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Bonsoir, j'ai parcouru quelques articles pour trouver Ophélie, mais sans succès. Je m'arrête sur ce texte touchant et triste, ou silence et solitude se tiennent la main.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Merci de ce premier pas chez moi. Tu trouveras mon texte assez récent sous le titre de "Comme Ophélie" catégorie "textes divers". En ce qui concerne celui de "La petite fille au silence"... ce<br /> n'est qu'un début puisqu'en quelques années d'écriture plutôt poétique, j'ai contourné le sujet et surtout je n'avais pas abordé cette façon d'écrire...Cordialement. Suzâme<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Vous dites bien l'hyper-lucidité silencieuse de l'enfant malade, qui sait tout avant qu'on ne le lui dise.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Oui, il y a un entraînement à l'insomnie sans qu'il y ait volonté, maîtrise...Ici l'enfant sait en silence ce qu'elle attend...Suzâme<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> A toi, Maud, j'offre cette visite, quand personne ne vient plus, d'un petit bonhomme qui a su longtemps les murs blancs. Simplement sa présence pour toi.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Et Maud parle silencieusement au petit bonhomme. Nul ne le sait et qui l'aurait su? Suzâme<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Très touchant. On a envie de la bercer cette petite fille. On ressent exactement bien ses émotions dans ce texte si bien écrit. Bien à vous.<br /> <br /> <br /> <br />
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