Exposition : Misia, Reine de Paris avec Tibicine
Publié le 29 Juillet 2012
Musée d'Orsay à Paris
du 12/06 au 9/09/2012
Née à Saint-Pétersbourg, le 30 mars 1872, Marie – Sophie – Olga – Zénaïde Godebska alias
Décédée le 15 octobre 1950, rue de Rivoli, à Paris
Misia
Quelques liens au choix pour compléter mon billet :
http://www.musee-orsay.fr/index.php?id=649&tx_ttnews%5Btt_news%5D=32546&no_cache=1
http://fr.wikipedia.org/wiki/Misia_Sert
http://www.magazine-litteraire.com/content/rss/article?id=21976
http://notrebvc.blogspot.fr/2012/07/misia-reine-de-paris-12-juillet-2012.html
J’avais proposé à mon amie Tibicine, auteure d’un premier recueil de poèmes «A fleur de femme» link, cette exposition suite à un article dans Télérama :
http://sortir.telerama.fr/evenements/expos/misia-reine-de-paris,74851.php
parce qu’il était question d’une «muse». N’était-ce pas un argument convaincant pour une tentation, au moins une question et trois hypothèses ?
Qu’est-ce qu’une muse ?
Un modèle ? Une séductrice ? Une inspiratrice?
Avant d’aller en quête de cette femme mystérieuse à nos yeux, nous savions qu’elle avait inspiré de futurs grands peintres après s’en être liée d’amitié tel Pierre Bonnard
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Bonnard
et ce, grâce à l’entourage de son premier époux, cousin par alliance, Thadée Natanson (mariage en 1893 à Ixelles, Belgique) qui créa «La revue blanche ». (1891)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15536r.image
La belle pianiste qui a pour passion et refuge la grande musique, fervente de Beethoven, Schubert et Chopin, approche d’autres compositeurs dans son salon de la Rue Saint-Florentin à Paris. Pleine d’élans pour ceux du début du siècle; Debussy et Maurice Ravel qui lui dédie en 1906 «Le cygne»
http://www.youtube.com/watch?v=5WTTaylu514
d’après « Histoires naturelles » de Jules Renard puis le poème symphonique «La valse». http://www.youtube.com/watch?v=NRmavWyVLWw
A cette époque la musique innove comme si elle sortait du solfège, des partitions avec un tournant majeur au commencement du 20è siècle, impulsé par
Erik Satie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Erik_Satie,
Georges Auric : http://www.musicologie.org/Biographies/auric_georges.html
Igor Stravinsky : http://sites.radiofrance.fr/francemusique/pedagogie/biographies/igor-stravinsky.php
et Francis Poulenc : http://www.musiclassics.fr/compositeurs-musique-classique/poulenc-francis.html
C’est dans leurs maisons à Valvins (Seine-et-Marne) et Villeneuve-sur-Yonne, annexes du siège de la revue, que jaillit l’effervescence culturelle entre peintres, compositeurs et poètes.
En 1874, Stéphane Mallarmé loue un 2 pièces à Valvins. Naîtra une amitié jusqu’à sa mort en 1898.
http://www.litteratur.fr/?p=26
Mais revenons sur Misia. Nous apprenons qu’elle renonce dès le début à sa carrière de pianiste alors qu’elle est née dans une famille de musiciens et a poursuivi une formation sous la direction de Gabriel Fauré.
En 1900, elle rencontre un certain Alfred Edwards, riche homme d’affaires, notamment propriétaire de journaux.
Peu de temps après, elle divorce de Natanson puis se marie à nouveau en en 1905 avec cet autre être cher qui lui donnera toute liberté d’organiser sa vie, une indépendance semée d’aventures et de liaisons.
Une vie turbulente, intense qui sépare le couple après une union de six ans. Que leur est-il arrivé? Alfred Edward tombe amoureux d’une actrice demi-mondaine tandis que notre muse fond sous le charme d’un certain José-Maria Sert, peintre d’origine catalane qui la présente dans des milieux d’avant-garde.
http://www.petitpalais.paris.fr/fr/expositions/jose-maria-sert-le-titan-a-loeuvre-1874-1945
Et la vie de cette muse, pianiste à l’origine, modèle d’atelier et progressivement mécène suivant ses rentes issues de ses deux divorces, s’ouvre sur toute la gente intellectuelle et artistique parisienne. Elle ouvre chez elle un salon, l'anime. Tous se précipitent parce que Misia a le don d’inspirer, de stimuler ces auteurs en manque de confiance ou vivant dans l’insécurité économique. Elle commande des œuvres, des portraits d’elle à Pierre Bonnard, Auguste Renoir, Edouard Vuillard et d’autres. Un certain Toulouse-Lautrec, un habitué de leurs rencontres mondaines, la peint mais troublé, peut-être amoureux, cultive un rêve fou : celui que Misia pose pour lui, enfin nue. Ce qu’elle refuse toujours alors qu’elle accepte de se dévêtir pour la palette de Bonnard.
Sa vie est pleine d’intrigues. Ses invités se découvrent, s’aiment et parfois se détestent tant l’adversité des auteurs est défi ou jeu, sans compter les relations intemporelles entre la muse admirée, femme avant tout et cette poignée de génies ivres d’alcools, de drogues et de sensualité.
En 1917, Misia rencontre Gabrielle Chanel qui devient sa meilleure amie jusqu'à la fin de sa vie.
En 1920, elle se marie à l’église avec José Maria Sert qui tombe peu de temps après amoureux de la sculptrice
appelée Roussy .
C’est une des périodes les plus difficiles de toute sa vie.
En sortant du Musée d’Orsay, Tibicine et moi, nous nous demandions si cette Muse avait été amoureuse, si
elle avait aimé.
A une terrasse de café, mon amie avait repéré un couple qui revenait de la même exposition, elle n'hésita pas à les questionner sur l’intérêt de cette «Reine de Paris» en exprimant elle-même quelque réserve sur le profil de muse de Misia après que nous en ayons parlé pendant la visite. Voici ma transposition de l'échange. Tandis que la femme s’interrogeait et confirmait les contradictions, la dualité de cette figure du Tout-Paris, l’homme sut conclure en argumentant que malgré ses manigances, ses turpitudes, elle aura fait rayonner les arts autour d’elle et qu’un salon comme le sien, aura eu le mérite de révèler les artistes, d'engendrer et de motiver leurs inspirations ainsi que leur ambition. Un salon comme celui de Misa manque au plus au point aujourd’hui.
Nous nous sommes regardées avec un sourire complice, acceptant finalement que le parcours de Misia fut porteur de toute une génération d’artistes, peintres, compositeurs et poètes comme Jean Cocteau (Elle l’accompagna pendant la guerre de 1914 dans l’organisation des convois de secours des blessés).
Oui, Misia, muse et mécène, une femme libre, une personnalité influente, au charme, à l’intelligence, à la
sensibilité inoubliables. Il suffit de regarder, de s’arrêter sur les peintures qu’elle a inspirées pour être à notre tour conquis par son ascendant.
Avant de vous quitter, je vous invite à lire la dernière publication de mon amie Tibicine, il s'agit de son poème "Amie" link
Cordialement.
Suzâme
(29/07/12)
N.B. Je n'ai pas inséré d'autres photos ne connaissant pas les droits de reproduction liés aux oeuvres.