Séjour Cotentin (août 2012) – Rendez-vous avec la mer
Publié le 29 Août 2012
Il vaut mieux s'élancer vers la mer que la laisser, la quitter… Je l’ai encore dans ma tête, sonore comme une symphonie. Je me suis longuement promenée sur la côte du Val de Saire par tous les
temps pour prendre tout de cette beauté incarnant toute la dualité humaine, violence et sérénité.
Si j’ai encore et toujours la mer dans les mots, je choisis cet extrait de «La ballade de l’eau de mer» de Federico Garcia Lorca
«La mer
Sourit au loin
Dents d’écume
Lèvres de ciel… »
(lire le poème) link
Après m’être laissée impressionner par ces paysages marins, j’ai écrit quelques vers comme possédée
par ses couleurs, sa turbulence…
La solitude face à l’horizon donne fierté au silence, implicite langage.
J’ai fait un pacte avec la mer.
« - Pour une fois, soyons seules
Comme avant, laissons les vents
Caresser nos épidermes unis
Laissons le firmament
Nous donner espaces et pastels
Laissons ironiser les mouettes.
Je prendrai la fougue de tes vagues
Et me livrerai chair et âme
Comme femme amoureuse.
Laissons ces rocheux rivages !
Ô mer, j’aime si fort votre visage.
- Je ne vis que pour recevoir
Et rejeter telle est ma seule réalité.
Mes danses ne s’offrent qu’à l’instant
Je n’ai pas de cœur et mes dents
Sont dentelles d’écume.
Laissons à la passion, vibrer nos sens
De l’intérieur au large de nous-mêmes
Laissons se noyer le temps
Et mémoire retrouver ses coquillages.
Si tu veux, je serai ta berceuse. »
(Fermanville, le 23/08/12)
Nous nous sommes promenés sur le très beau site appelé «Nez de Jobourg». Plus alerte, j’aurai suivi ces sentiers presque vertigineux.
Le Nez de Jobourg : link
Un vrai lieu pour les randonneurs expérimentés et les photographes épris de paysages côtiers.
Tout est gigantesque dans ce face à face entre l’être et la mer.
Avant de partager mes écrits du bord des vagues, voici un extrait de poème de Pablo Neruda :
«Quand la vague a frappé sur la roche indocile
Qu’éclate la clarté en instaurant sa rose
Le cercle de la mer s’amasse en une grappe
et pend en une seule goutte de sel bleu…»
(lire le poème) link
Puis nous sommes allés à Barfleur mais le temps n’était pas au rendez-vous. La mer était aussi grise que le ciel. La ville nous accueille avec son port de pêche et de plaisance. De quoi apprécier un environnement changeant au rythme des marées. Les rochers se dénudent et donnent envie de les parcourir avec habilité et pour les habitués de profiter de leurs présents.
Barfleur : link
J’étais en poésie à chaque pas, à chaque pose, le regard épris des couleurs dansantes, captant cette osmose entre ce ventre d’eau en gestation perpétuelle et le firmament pour écrire un peu plus
loin, discrètement, passionnément…
La mer nous dit tout
Ce que nous rêvons d’entendre.
Ses baisers de mots s’inscrivent
Sur l’immense page de sable
D’un astre patiemment attendri.
Il est son origine et son seul livre.
De ses vagues toujours s’éprendre
Baigner notre regard impressionnable
Sauver son ventre, antre de vie
(23/08/12)
Juste un souffle de mer
De ses confins, l’entendez-vous ?
Là où vous ne contemplez que du vert
Elle donne son âme aux fous.
Goëlands, étranges poètes
Errants et visionnaires
Mutants, esprits sans tête.
Elle s’abandonne à la terre.
(21/08/12)
Elle est à marée basse
La mer initie à ses rythmes changeants
Des débutantes qui se délassent
Des vagues insouciantes du temps.
Elle est à marée haute
La mer transmet ses passions d’origine
Se vante, désirs, crimes, fautes
Et recommence pour renaître divine.
(19/08/12)
Mais que serait la mer sans le vent ? Et nous-mêmes ? Etre frôlés, giflés ou se sentir comme suspendus, ou encore entraînés…
Poème au vent
Que le vent accueille
de ses caresses tous les replis
d’ailes et de feuilles
tous les refus d’un cœur empli
d’extases, toute la pudeur
des sens sous son joug impulsif.
Que le vent soit créateur
d’éveils, de poèmes intuitifs.
(26/08/12)
J’ai eu plus de mal à revenir chez nous, en l’Ile-de-France comme retenue par cette beauté renouvelée qui m’attire et m’impressionne toujours autant depuis l’enfance. Maintenant j’y suis et vous
livre cette page pleine de soleil et d’embruns.
Je reviendrai lentement vous visiter, vous répondre, repoussant un peu encore le temps, celui d’une rentrée, source d’autres réalités.
Amicalement.
Suzâme
(28/08/12)