Pardon

Publié le 2 Mai 2011

Pardon Dieu ! Pardon Maman ! Pardon Papa !

 

C’était le mot à dire après une bêtise à moins de se cacher longtemps sous la table ou de rejoindre les vagues.

 

Fredo se souvenait de cette tension et ce n’était pas un jeu à l’époque des grandes familles. L’Education était la première chose avec la Religion. Les murs transpiraient de principes et entendaient et regardaient tous les menus bonheurs, gardaient quelques sanglots incontrôlés.

 

Pardon Dieu ! Pardon ma Femme ! Pardon mes Enfants !

 

Fredo a tout quitté pour les quais. Se libérer d’une vie encombrante, un vrai chariot de contraintes à partager sans cesse. Abandonner femme, enfants simplement en franchissant le seuil de la maison et sans préméditation.

 

L’aube a décidé pour lui. A l’heure où il aurait dû pointer à l’usine, il s’est dirigé vers Paris et son rêve à travers la Seine, long chemin d’infini, complice de ses silences, de ses fureurs, de ses folies vagabondes.

 

Pardon Dieu ! Pardon mes Amis !

 

Fredo a-t-il regretté son passé ? Ce puzzle de marbre et de feuilles où apparaissent par intermittence avec la pluie et le froid:  Jacky, le copain d’enfance ; Hervé, le témoin des mariés ; Père Jean-François, fidèle et patient curé de sa ville natale et surtout Johanna, l’amie des amies et également sa femme, dite «la généreuse» aussi.

 

 Sa mémoire reste comme un fond de bouteille, s’accroche à sa tête et le rend parfois fou. Il erre sans autre miroir que le fleuve insondable et boit toute sa vie.

Suzâme

(2/05/11)

Rédigé par Suzâme

Publié dans #Autres écrits

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E
<br /> <br /> Je comprends. effectivement c'est qq chose de déchirant ! Merci de l'avoir écrit. Bises<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Un très beau texte, merci de l'avoir mis dans ma communauté.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> Violette<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Merci. Difficile de rentrer par l'écriture dans la peau d'un tel personnage. Lorsque je croise une silhouette perdue, je m'interroge et me reproche ma passivité. Depuis toutes ces années où je<br /> traverse les villes et que je surprends des malheureux en baissant les yeux, j'ai pensé à zoomer mon regard sur un être inventé mais si quotidien hélas! Merci de ton passage Violette! Suzâme<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> <br /> Une quète profonde exprimée là par une fuite... Est-ce la solution? Bises<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Chère Elo,<br /> <br /> <br /> Je m'interroge souvent sur l'origine des conditions de vie des SDF, vagabonds et clochards. Je me dis qu'ils ont aimé un jour... Et puis, la fuite est une sorte de tentation comme le suicide.<br /> Elle n'est pas une solution mais elle nous guette lorsque nous sommes fragilisés à l'extrême. Ce texte n'était pas facile à écrire... C'était même déchirant. Cordialement. Suzâme<br /> <br /> <br /> <br />