Ecrits d'Eros : Une fille pleine d'amour
Publié le 28 Octobre 2011
Une fille pleine d'amour
(nouvelle)
Note: Cette histoire est destinée aux adultes
Son métier ? Répondre aux attentes de quelques êtres en perdition. La vie lui a donné un corps aux formes inouïes, une poitrine laiteuse au galbe de mère italienne aussi lisse que la tendresse, des hanches de violoncelle, des fesses si fermes, si rondes, qu'un de ses intimes les appellent les collines de la volupté.
Elle ne se plaint pas de son poids qui est celui de l'amour qu'elle offre et c'est sa mission, aux solitaires, aux exclus, aux victimes de la vie.
« - Et ne dis pas que tu es malade ou encore que tu es paralysé, mon ange! Je veux ne voir en toi que l'homme que tu es. D'ailleurs, sais-tu mon chéri que le désir pousse d'abord dans la tête. Je me ferai buisson de ta tentation pour ta sainte verge... »
Mais cet être trop discret, pourtant chez lui, dans son studio impersonnel, lui réplique impulsivement :
«- Tu vois bien que je ne suis qu'un légume! N'insiste pas ! Ta danse du ventre n'allumera pas mon ardeur. Je suis comme mort depuis sept ans, depuis mon accident... »
En même temps qu'elle se dénude totalement, qu'elle s'approche, l'effleure, l'embrasse, elle continue leur conversation d'alcôve improvisée, parce que, le sait-elle, pour lui, c'est la première fois depuis son calvaire.
« - Justement, je vais te le prouver : tu es, tu as encore une nature. Pour cela regarde-moi, sens mon corps qui te chevauche librement. Te rends-tu compte, mon p'tit chou ! J'ai de l'amour rien que pour toi ! A moins que tu préfères que j’intellectualise mon chéri. Alors dans ce cas, je te sors de suite une surprise de ma panoplie… tiens, pourquoi pas un Georges Bataille ?»
Mais lui n'en démord pas. Il ne s'aime pas et n'aime personne. Il doute de son organe. Le surnomme sa limace. D’ailleurs, Lui, a-t-il un nom? L'acte n'est nominatif que sur la facture. Il sait seulement qu'elle se surnomme Nouchka. Il sait seulement que sa beauté lui donne envie de pleurer. Mais il ne lui dira jamais, il y a va de sa dignité. Il préfère l'insulter:
« - Tu n'es qu'une P...
Une perle, oui, et maintenant tais-toi! Laisse-toi vibrer sous un premier baiser bien placé, puis sous le suivant, si parfumé ! En un instant, tu surgiras... »
Il ne voit que ses rondeurs, ne sent maintenant que sa chair épanouie sur lui, l'immobile, sur lui qui se laisse faire soudain sans honte, les yeux fermés jusqu'à sa métamorphose en mâle au sommet de lui-même..
Et ce n'est pas fini, lui murmure-t-elle au creux de son oreille épuisée.
Elle revêt son peignoir couleur vanille au parfum envoûtant, invente une mouvance devant lui, pour lui, tourbillonne encore rien que pour lui qui lui sourit enfin de son lit surélevé. Elle l'embrase à nouveau de ses bras, l'entoure de ses cuisses en flammes et lui parle, à lui, cet inconnu avec une voix qui regarde, un regard qui révèle, qui relève cet homme qu'il enfermait en lui.
Avec pourtant audace et persévérance, Nouchka réalise que sa silhouette pourtant féline ne suscite pas l’érection de son patient. Alors sans le prévenir, cette fois-ci, en sourdine, elle joue sa modeleuse, laissant tout son talent à ses mains expertes en délicatesse jusqu’au jaillissement.
Qui est Nouchka? Une visiteuse d'amour ?
Qu’importe ! Elle seule éveille les sens d'une simple caresse de fleur.
Suzâme
(20/10/11)